Encyclopédie des sciences médicales, ou, Traité général, méthodique et complet des diverses branches de l'art de guérir / M. Bayle, rédacteur en chef. Traité des maladies des voies urinaires ; par Chopart ; avec des notes et des additions par P.-S. Ségalas.
- Chopart, François, 1743-1795.
- Date:
- 1841
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Credit: Encyclopédie des sciences médicales, ou, Traité général, méthodique et complet des diverses branches de l'art de guérir / M. Bayle, rédacteur en chef. Traité des maladies des voies urinaires ; par Chopart ; avec des notes et des additions par P.-S. Ségalas. Source: Wellcome Collection.
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![Thorn, âgëe de soixanle-ncuf ans, mais sa maladie encore fraîche et vijjouieuse pour son âge , prit des pilules purgatives pour se soulager d'une grande douleur de tête : elles lui procurèrent jusqu'à trente éva- cuations. Celle purgation violente et ex- cessive fut suivie d'une forte douleur au rein droit, laquelle ne la quitta plus. Ne recevant aucun soulagement de diffé- rents remèdes qu'on lui donna, et le mal augmentant, cette veuve fil appeler Se- gerus ; c'était un mois après avoir pris les pilules. Elle l'instruisit de tout ce qui avait rapport à sa situation. Après avoir examiné les symptômes de cette maladie, et particulièrement l'urine qui était teinte de sang et mêlée de beau- coup de pus, il jugea qu'il y avait ulcère au rein droit. Il lui prescrivit différents remèdes qui ne lui procurèrent cepen- dant presque aucun soulagement : il n'y avait que le bain d'eau tiède qui calmait ses douleurs ; non • seulement tandis qu'elle le prenait, mais après en être sortie , il lui procurait quelques heures d'un sommeil tranquille, ce qui engîigcait la malade à faire un usage fréquent de ce remède. Segerus apercevait souvent dans l'urine de petites pelotes ensan- glantées, qu'il prenait pour des grumeaux de sang; mais six jours après il vit, au fond du vaisseau où l'on avait mis l'u- rine de la nuit, un corps également en- sanglanté , mais rond et long de six tra- vers de doigt, avec des apparences de nodosités ou articulations , lequel ayant été tiré du vaisseau , ressemblait à un ver. La malade avait souffert des dou- leurs inexprimables pendant la nuit. Elle prit encore différents remèdes , et il n'y eut que le bain qui continua de lui pro- curer quelque tranquillité; mais la vio- lence des douleurs revenait vers le soir, et allait toujours en augmentant pendant la nuit, de sorte qu'elle dormait seule- ment un peu le jour. Elle rendit encore avec son urine ])lusieurs corps ensan- glantés. Segerus les fit macérer quelque temps dans l'eau chaude, où ils perdirent leur couleur rouge. Le sang dont ils étaient couverts ayant été délayé, ils pa- rurent être des portions ou caroncules de la substance des reins, sans aucune cavité. La malade continua à rendre de ces caroncules pendant plusieurs jours; dans la suite il n'en parut plus, mais l'é- coulement de pus et de sang avec l'urine subsista. Enfin , ne pouvant être soula- gée par aucun remède , elle mourut le troisicme mois de la première attaque de L'ouverture de son corps fut faite par Grunack , chirurgien , eu présence de Segerus et de Schuitzius. On trouva le rein droit quatre fois plus gros dans toutes ses dimensions que dans l'état naturel, sans y comprendre la tu- nique adipeuse qui contenait une grande quantité de graisse : il pesait dix - sept onces; il était rouge au dehors, entière- ment chancreux en dedans, rempli de pus de très-mauvaise odeur, et parsemé en quelques endroits de gravier, mais en petite quantité. Le rein gauche était de grandeur naturelle, plus mince et plus mollasse. Il contenait une pierre du poids de cinq gros, branchue, polie, et que sa forme et sa couleur auraient pu faire prendre pour une espèce de corail rouge. Cette pierre étiit logée tout entière dans le rein, sans toucher aux bassinets; elle en avait étendu et aminci la sub- stance à proportion qu'elle avait grossi. Segerus l'ut surpris de trouver une sem- blable pierre dans ce rein, la malade lui ayant toujours assuré qu'elle ne sentait aucune douleur au rein gauche, ou qu'elle était si légère qu'elle ne méritait aucune attention. Il faut rapporter à l'affection du reia droit tous les accidents qui sont surve- nus. L'ouverture du cadavre a montré que cette affection était d'une nature cancéreuse, puisqu'on a trouvé ce rein très-gros et entièrement chancreux en dedans. Telle est la seule preuve qu'on puisse en donner. Car il n'est guère pos- sible de reconnaître celte sorte de mala- die pendant la vie. Quels en seraient les signes? On sait que les douleurs les plus vives, et qui reviennent par accès, se font sentir dans d'autres maladies des reins, dans la néphrite, dans la suppu- ration de ces viscères, sans qu'il y ait ulcère chancreux. Il n'y aurait que la sortie des caroncules ensanglantées et d'urines purulentes, qui, avec les dou- leurs constantes dans les reins, pourrait en établir le diagnostic. Mais ce signe est encore équivoque. Les corps ensan- glantés que celte femme a rendus par l'urètre, et qui venaient du rein droit, étaieiil-ils réellement des portions de sa substance, de son parenchyme? Ou peut en douter. Ne voit-on pas les caillots de sang, les poly|)es sanguins, ressembler à ces sortes de caroncules (1). (I) J'ai vu avec MH. le.: docteurs Mercier et Bompari un honiniQ chez le-](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b22272197_0078.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)