Bibliothèque orientale, ou dictionnaire universel, contenant généralement tout ce qui regarde la connoissance des peuples de l'Orient, leurs histoires et traditions véritables ... / [Edited by A. Galland. With 'Éloge' by L. Cousin] par monsieur d'Herbelot.
- Barthélemy d'Herbelot
- Date:
- 1776
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Credit: Bibliothèque orientale, ou dictionnaire universel, contenant généralement tout ce qui regarde la connoissance des peuples de l'Orient, leurs histoires et traditions véritables ... / [Edited by A. Galland. With 'Éloge' by L. Cousin] par monsieur d'Herbelot. Source: Wellcome Collection.
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![A L. Cette perfécution c]ue les Abbaffidcs exercèrent con¬ tre ceux oui nioient la création de f Alcoran , dura iufqu’au Khalifat de Motavakel : car l’on peut voir dons la vie de Motaiïëm, que ce Khalife fit fouetter Ahmed Ben Hanhal, & qu’il le tint enfuite prilor;- nier avec un grand nombre d’autres Doéteurs, parce qu’ils rejettoient Ton opinion, & que Vathec qui lui fuccéda, dans un échange de prifonniers qu il fit avec l’Empereur des Grecs, ordonna que tous^ ceux qui refuferoient de dire que l’Alcoran fut créé, ferment laides en efclavage entre les mains des Grecs : mais enfin Motavakel, dixième Khalife des Abbaliides, qui commença à régner l’an 231e. de l’Hégire, fit ouvrir les prifons, délivra Ben Hanbal & tous les compagnons, & donna la liberté à un chacun de croire ce qui lui plairoit fur ce fujet. Un Docteur, nommé Abou Haroun, àvoit trouve du temps de MotafTem une diftinftion, par le moyen de laquelle il s’exempta de la punition que l’on lai- foit fouffrir aux autres : car étant interrogé par ce Khalife de ce qu’il croyoit fur cet article, il ne ré¬ pondit pas véritablement que l’Alcoran eut été cre » mais il affirma feulement qu’il avoit été pofé, ou expote. Pendant que Mahomet publioit à la Mecque fon Alcoran, Natter Ben Hareth étant retourné de 1 erle où il avoit négocié long-temps, entretenoit fes amis de plufieurs hiftoires fabuîeufes qu’il avoit arecs des annules de ce pays-là, où les exploits dAsiendiarèc de Roftam, Héros de la Perfe, font pompeufement décrits, & il difoit à fes compatriotes: Les hiitoi- res que je vous raconte font beaucoup plus-agréa- ll blés que celles dont Mahomet vous entretient. Ces fables de Nafer firent tant d’impreffion fur 1 et- prit des Arabes, que lorfque Mahomet leur réatoit quelque hiftoire de l’ancien Teftament, ils lui di- foient :Nous avons déjà entendu toutes ces choies, „ & de beaucoup plus belles.; mais les unes & lesau- tres ne font que des vieux contes du temps pâlie. Ceci eft tiré du chapitre de l’Alcoran intitulé Anfal, c’eft-a-dire, des dépouilles & du butin. Mondain Faez, en l’expliquant, dit que les paroles de ces Arabes qui méprifoient l’Alcoran en lui préfé¬ rant les hiftoires Perfiiennes, n’avoient aucun fonde¬ ment. Car Mahomet leur avoit donné le défi par ces paroles : Apportez-moi quelque composition qui ap¬ proche de la doctrine & de P élégance de l Alcoran. Et comme ils ne purent en produire aucune, leur vanité étoir ridicule. Auffi Mahomet ne repondoit-il autre chofe à Nafer & à fes partifans, finon : „ 1 out ce que je vous dis eft la pure parole de Dieu qu il ” Eut entendre avec refpeél.” Nafer ayant entendu ces paroles, fit cette prière à Dieuy comme il eft porté dans le même chapitre : Seigneur, fi ce que Mahomet nous dit, vient de votre part, faites pleu¬ voir fur nous des pierres, & a.ccabkz-nous, comme vous avez fait autrefois. Abrahah l Ab fin, pu- niiïez-noits en Pautre vie d'une peine ngoureuje. L’Alcoran fut mis pour lors dans une grande épreuve. Mais voici comme Mahomet, lansfaire de miracles, fe difpenfa d’en prouver la vérité, &for- tit de ce mauvais pas. Un autre verfet qui lui fut apporté tout à propos par Gabriel, vint a fon fecours Dieu A avoit garde, 0 Mahomet! de les punir pen¬ dant que tu étois parmi eux. Sur quoi les Interpi etes de ce pafiàge remarquent que Dieu na pas accou¬ tumé de punir un peuple par une entière extermi¬ nation , lorfqu’un de fes Prophètes ou Envoyés eft parmi eux, & fur-tout un tel Prophète, qui eft qua¬ lifié la miféricorde des peuples, à caufe du pardon de leurs péchés qu’il leur obtient de la divine mi¬ féricorde. Ce Nafer, qui preffia fi fort Mahomet, pour punition de fon impudence & de fon ^impiété, n’eft jamais nommé par les Mufulraans qu’avec im¬ précation & malédiction» A L. Ouoique Nafer ait été maudit pour avoir mal pJ deb Alcoran, il y a eu cependant fdufieui s -s Mufulmans qui ta « de due ttssn ££STy» V—- r g&tvsr- rM * exemplaires, & nous avons cru devoir mettre .e. le nom de plufieurs Auteurs qui ont compofe des Ouvrages fur cette inatiere. Premièrement, Segejlam a te un Livre, dont le titre eft EikteUfal MaJ- fahef, de la différence des exemplaires. Ebn gbttha- leb Kailfi eft Auteur du Livre îutitulé Al-Ltazfi Nafekh Alcoran u manfoukhatehl, des loix ‘ coron qui fe trouvent abrogées les mes par les au- Z7te mêmes contrariétés ont été expliquées & dévélôppées par Fakhreddin Razi & par Zakana al-Anfari. Mardini, Auteur célébré, a auffi prétendu en réfoudre les plus grandes dans un Livre qu il m, titule Bahagiat al-at ib, &c. _ c_ Mais voici un endroit de l’Alcoran qui a fait fuer tons les Interprétés. Il eft couché dans le chapitre m- * titulé Aaraf, où après qu’il a été parle de la creayion du Ciel & de la terre faite en fix jours, le texte ajou¬ te : Après cela, Dieu fit tant qu'il vint à bout de créer le Ciel Empyrée, où il a établi fon irone. Houfain Vaez explique ce paffiage en deux manié¬ rés. La première eft , que le commandement de Dieu fut fuffifant pour créer le Ciel Erapyree ; & la fé¬ condé , que Dieu fut aflèz puiiïànt pour le créer : il dit enfuite que l’Alcoran fe fert de cette façon de parler, à caufe que le Ciel Erapyrée eft la plus ex¬ cellente & la plus admirable de toutes les créatures qui foient fordes des mains de Dieu. Il avoue néan¬ moins que cette maniéré de parler eft impropre, oc marque dans Dieu quelque peine & quelque effort, qui eft un défaut dans la Toute-puiffiance; & il con¬ clut enfin que ce paflage eft un de ceux qui font ré¬ putés très-difficiles à entendre & à expliquer , &que l’on doit fe contenter de les croire, & en laiffier l’in¬ telligence à Dieu feul. Cela n’empêche pas que les Mufulmans n ayem un tel refpeét pour ce Livre, qu’il approche même de l’idolâtrie. Il y a plufieurs ouvrages où il eft traité de fon excellence & du refpeft qui lui eft dû, & entr’au- tres celui de Soiouthi, intitulé Anmoudage lathif; & d'Aboubecre, fumommé al-Ciouziah, Dofteur Hanba- lite, qui eft mort l’an 75 ie. de l’Hégire, de J. C. 1350, qui a fait auffi un Livre entier des noms & des titres qui font attribués à l’Alcoran. Les noms les plus or¬ dinaires qui lui font donnés, font premièrement celui d'Alcoran , qui fignifie Lecture , à l’imitation des juifs, qui appellent la Bible Micra, dans la même lignification : car c’eft de Car a, qui fignifie en Hé¬ breu & en Arabe, lire, que fe forment les dérivés Micra & Coran. Aboubecre,, premier Khalife & fucceflèur de Ma¬ homet, ayant ramaffé les feuilles de l’Alcoran qui étoient difperfées ç'a & là, & les ayant réduites en un feul volume, le nomma Moshdf, c’eft-à-dire, le Livre ou le Code par excellence ; ce que fignifie auffi Metab. On le nomme auffi Alforcan, mot qui fignifie la difiinclion du vrai & du faux, & le difeernement de ce qui eft jufte d’avec ce qui ne l’eft pas. Tanzil eft auffi un de fes noms : car ce mot fignifie une chofe defeendue d'en - haut, & proprement du Ciel C’eft pourquoi l’on trouve fouvent écrit ou gravé en lettres d’or fur la couverture des Alcorans, ces paroles : Ou'il n'y ait que les purs qui ofent toucher ce Livre; cïir c'efi un préfent defeendu du Ciel, & envoyé de la part du Roi des fiecles. Cependant les deux noms qui font le plus en ulàge dans la bouche des Maho- métans, font Kelam Sckerif, la noble parole, & Ke¬ tdb](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30457300_0117.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)