Art de la teinture en soie / Par M. Macquer.

Pierre-Joseph Macquer

Date:: [1763]

Catalogue details

Licence: Public Domain Mark

Credit: Art de la teinture en soie / Par M. Macquer. Source: Wellcome Collection.

19/121 (page 3)

Du Dégommage & de la Cuite de la Soie, pour le Blanc. La première cuire que Ton donne à la Soie deftinée à être mife en blanc, fe nomme Dégommage, parce qu'en effet le but qu'on fe propofe dans cette opération, eft d’ôter à la Soie la plus grande partie de fa gomme (a). Pour faire le dégommage, on commence par pantimer oupantiner les foies; c'eft-à-dire, qu'on paffe un fil autour de chaque Mateau, qui confifte en une certaine quantité d'écheveaux noués enfemble, comme on le voit en A, Vlan- che II3 Fig. 2. Après cela on dénoue les Mateaux, Sc on en joint plufieurs en¬ femble pour en former une poignée dont la groffeur Sc le nom varient, fuivant les Manufactures. A Lyon, cette poignée conferve le nom de Mateau ; à Tours elle prend le nom de P arceau', Sc à Paris celui de Bouin: ces noms varient de même dans d'autres Manufactures (b). Cette précaution de pantimer les foies eft néceflàire pour qu'elles foient plus faciles à dreffer , pour pouvoir les manier plus aifément, Sc pour empêcher quelles ne fe mêlent, ou ne fe crampillent, comme difent les Teinturiers. Après cette opération, on fait chauffer dans une chaudière ovale A, Planche 1, Fig. i, une fuffifante quantité d'eau de riviere, ou autre eau propre pour y faire fondre du favon de Marfeille, à raifon de trente pourcent du poids de la foie. On coupe le favon par petits morceaux pour le faire diffoudre plus facilement. Quand le favon a été fondu en bouillant, on remplit la chaudière d'eau fraî¬ che, Sc l'on ferme les portes du fourneau, en laiffant feulement un peu de braife deflous, afin que le bain fe tienne très - chaud, mais fans bouillir; parce que fi le bain bouilloit, cela feroit ouvrir & borner la foie, fiir-tout la foie fine. Pendant que ce bain fe prépare, on paffe les mateaux fur des bâtons, qui fè nomment lijoirs, repréfentés en B, Planche II, Fig. 2 ; & dès qu'il eft en état, on y met les foies, & on les laiffe fur ce bain de favon jufqu'à ce qu'on voie que toute la partie qui trempe eft entièrement dégommée ; ce que l'on reconnoît aifément par la blancheur Sc par la flexibilité que la foie prend en perdant fà gomme. Alors on la retourne fur les bâtons pour faire fubir la même opération à la partie qui n'avoitpoint trempé, & l'on retire du bain à mefiire que le dé¬ gommage eft fait, parce que les mateaux qu'on a retournés les premiers font toujours plutôt dégommés que les autres. La foie étant ainfi dégommée, on la tord fur la cheville pour lui faire quitter fon favon, & on la drejfe; c'eft-à-di:e. (a) Cette expreflîon eft impropre, comme on en peut juger par ce qui vient d'être dit fur la na¬ ture de l'enduit de la foie; néanmoins on s'en fer- vira, parce qu’elle eft commode & ufitée par les gens de l'Art. (b) On fe fervira dans ce Traité des termes ufî- tés à Lyon , parce que les Manufactures de cetre Ville en fait de foie font les plus confidérables <5c les plus renommées.