Art de la teinture en soie / Par M. Macquer.

  • Macquer, Pierre Joseph, 1718-1784.
Date:
[1763]
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Credit: Art de la teinture en soie / Par M. Macquer. Source: Wellcome Collection.

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    Il eft rare que l’on pâlie trois onces, fl ce n’eft pour faire quelque afîortiment particulier. Quand la cochenille a jette un bouillon, on ajoute dans le bain une once de crème de tartre ou de tartre blanc pilé pour chaque livre de cochenille. Auffi-tôt que le tartre a bouilli, on jette dans le bain pour chaque livre de cochenille environ une once d’une difTolution d’étain dans Teau régale, qu’on nomme compofition, 8c qui fe fait de la maniéré fuivante. On prend une livre d’efprit de nitre, deux onces de fel ammoniac, & fix onces d’étain fin grenaiilé. On met l’étain 8c le fel ammoniac dans un pot de grais d’une grandeur fuffifante; onverfe par-deffus environ douze onces d’eau, puis ori ajoute l’efprit de nitre, & on laide faire la difTolution. Cette compofition contient beaucoup plus de fel ammoniac & d’étain que celle que Ton emploie pour l’écarlatte de cochenille fur laine: mais cela eft ab- folument néceiTaire ; car cette derniere éclairciroit trop, 8c même pourroit dé¬ truire entièrement le rouge que la cochenille eft capable de donner fur la foie. On mêle bien dans le bain en l’agitant avec un bâton , la quantité prefcrite de cette compofition, 8c aufh-tot on achevé de remplir la chaudière avec de l’eau froide ; la proportion du bain eft d’environ huit à dix pintes d’eau pour cha¬ que livre de foie fine ; on en peut mettre moins pour les greffes foies, parce qu’elles occupent moins de place. Le bain eft pour lors en état de recevoir les foies que Ton y plonge en leslifant jufqu’à ce qu’elles parodient bien unies, ce qui arrive ordinairement au bout de cinq ou fix lifes. Alors on pouffe le feu pour faire bouillir le bain, & on le fait bouillir ainfî pendant deux heures, 8c pendant ce temps-là on a foin de iifer les foies de temps en temps : au bout de ce temps on retire le feu de délions la chaudière , 8c on met les foies en fonde, comme nous avons dit que cela le fait pour falunage. On les y laiffe pendant cinq ou ftx heures, 8c meme fi on fait le cramoifi le foir, on peut les y laifler jufqu’au len¬ demain matin ; on les retire enfuite, & on les lave à la riviere, en leur donnant deux battures * on les tord comme a 1 ordinaire, 8c on les étend fur les perches pour les faire lécher. Les bruns du cramoifi fin fe nomment communément cannelés. Pour les faire, on lave les cramoifis en les retirant du bain de cochenille, & on leur donne deux battures à la riviere; après cela, on prépare un bain d’eau, telle qu’elle fe trouve en été 8c en hiver un peu tiède, 8c on y jette de la couperofe fondue dans de l’eau en plus ou moins grande quantité, fuivant la bruniture que Ton veutdon- ner à la couleur. On life la foie fur ce bain par petits mateaux pour qu’elle s’unifle bien, 8c quand elle eftàla nuance que l’on veut avoir, on laretire, onia tord, 8c on la met fecher, fans la laver, fi Ton veut, parce que ce bain de couperofe eft prefque comme del eau claire. Comme l’effet delà couperofe eft de faire pren- Teinture en soie. H /